Ça bouge dans le 10e !

© Jaï Berriri

Ça bouge dans les bâtiments, qu’ils soient dédiés aux travailleurs, aux musiciens, aux commerçants… Nous avons voulu vous faire découvrir les façades historiques de dix immeubles derrière lesquelles il se passe toujours quelque chose, et qui représentent si bien le patrimoine de notre 10e. Mais cette envie ne nous empêche nullement de vous tenir au courant de l’actualité de notre arrondissement toujours en pleine effervescence.

Petit et majestueux
L’hôtel Gouthière, 6, rue Pierre-Bullet, fut construit en 1780 à la demande du ciseleur-doreur Pierre Gouthière. Depuis 1981, cet hôtel particulier abrite le conservatoire de musique Hector Berlioz.
*Pour accompagner sa croissance et préparer un départ en retraite, Tante Emma-Laden cherche un successeur et/ou un partenaire. Si vous souhai- tez poursuivre l’aventure, passez au marché Saint-Martin.

M comme Méliès
Au numéro 5 de la rue Taylor, un « M » orne le fronton de la porte. C’est ici que se trouvait la manufacture de chaussures Méliès, tenue par le père de Georges Méliès (1861-1938). Le futur réalisateur, né boulevard Saint-Martin, y vécut de nombreuses années et y travailla notamment comme mécanicien, ce qui lui fut très utile pour sa carrière d’illusionniste puis surtout de génie dans la création des premiers effets spéciaux au cinéma.
*Au n° 11 de la rue, Fifi la Praline nous régale avec ses gourmandises (06 50 85 92 97) et le n° 13 accueille la galerie Treize-dix, incontournable lieu dédié à l’illustration.

Bourse du travail
En 1848, le préfet de Paris Ducoux dépose un projet de « bourse des travailleurs » afin d’informer ces derniers et de renseigner les patrons. Sa construction débute en 1888, sur un terrain occupé par le Grand Café parisien, et elle est inaugurée en 1892. Aujourd’hui établissement public de la Ville de Paris, ce lieu d’information accueille des réunions syndicales. 3, rue du Château-d’Eau.
*À quelques mètres, la bibliothèque de la rue de Lancry vient d’être baptisée bibliothèque Claire Bretécher. Enfin, samedi 25 juin de 14h à 19h, la Librairie Solidaire (27, rue du Château-d’Eau) fête ses 10 ans avec des ateliers de dessins et pliage, concours de nouvelles, goûter, cocktail et la présence de Zeina Abirached, Alexis Michalik et Josiane Asmane pour une performance poétique.

Aux classes laborieuses
1899, la société anglaise « Aux Classes Laborieuses, Limited » fait construire le 85-87, rue du Faubourg Saint-Martin où se vend de tout à petit prix. La Grande Guerre a raison de son succès. En 1920, l’immeuble est vendu au fabricant de meubles Wolff Lévitan. Sous le régime de Vichy, il est liquidé et devient une annexe de Drancy. Lévitan le récupère en 1945 mais cesse ses activités dans les années 1970. En 2000, après des décennies d’abandon, l’immeuble est occupé par l’agence BETC puis par le site leboncoin depuis 2016.
*Après avoir annexé une boutique pour en faire Le Grand Salon, le restaurant Les Rupins (35, bd de Magenta) vient de s’offrir le salon de coiffure situé entre les deux pour créer… Le Petit Salon !

Le Tapis Rouge
Il fut un temps où les achats se faisaient uniquement en magasin… que nombre d’entrepreneurs révolutionnaires voulaient toujours plus grands. C’est peu de temps avant une autre Révolution, en 1784, qu’ouvre le premier grand magasin français : le Tapis Rouge, au 67, rue du Faubourg Saint-Martin. Avec seulement 1750 m2, celui-ci fut un temps considéré comme « le temple de la consommation ». Aujourd’hui ses salons servent à l’organisation d’événements (Chirac en fit son QG de campagne en 2002) et sont à vendre depuis des années.
*Pilier de la Petite Louise, Manu y est serveur depuis 35 ans. L’occasion de passer le saluer et surtout (re)découvrir cette brasserie voisine récemment restaurée. À une centaine de mètres, au théâtre du Splendid (jusqu’au 4 juin), venez voir Black Comedy, la comédie déjantée de Peter Shaffer, avec Arthur Jugnot et Virginie Lemoine.

Hôtel du Nord
Né en 1912, cet hôtel pour ouvriers devient, en 1923, la propriété des parents d’Eugène Dabit. Ce dernier publie en 1929 L’Hôtel du Nord, un roman autobiographique, que Marcel Carné adapte au cinéma en 1938. Dès les années 60, le transport fluvial se fait rare et l’hôtel devient insalubre. Après des années de conflits, entre intérêts historiques et financiers, la façade sera conservée. Dans l’immeuble réhabilité ouvre, en 1996, un restaurant où demeure l’âme du lieu. 102, quai de Jemmapes.

Lion d’or
À l’angle des rues des Vinaigriers et Jean-Poulmarch se trouve l’enseigne d’un commerce en vins du début du XIXe aujourd’hui occupé par la Fédération française de la cordonnerie multiservice.

Clairefontaine / Exacompta
C’est la dernière grande usine encore en activité à Paris. En 1889, la Ville confie à la Compagnie Parisienne de l’Air Comprimé la construction d’une centrale électrique pour alimenter l’Est parisien, le canal permettant d’utiliser l’eau et d’acheminer le charbon. En activité dès 1896, l’usine est rachetée vers 1910 par la Ville qui souhaite regrouper son réseau électrique dans la Compagnie Parisienne de Distribution d’Électricité. De 1915 à 1927, une partie du site est louée au fabricant de chaussures Saderne, puis accueille différentes sociétés. Implanté au n° 158 depuis les années 1950, Clairefontaine récupère alors l’ensemble de l’usine. Adepte du secret, l’entreprise ne laisse personne pénétrer dans ses murs classés monument historique. 130-134, quai de Jemmapes.

Le manoir
Dès la fin du XIXe siècle, la rue de Paradis est vouée à la porcelaine et à la faïence. En 1889, Hippolyte Boulenger, à la tête des faïenceries de Choisy-le-Roi, décide de transférer son siège social au n° 18 de la rue. De cette période, il reste une façade Art nouveau où figure, en lettres d’or, « H. Boulenger et Cie », et des décors en faïences dans l’entrée, l’escalier et le vestibule. De 1978 à 1990, le Musée de l’Affiche puis de la Publicité y est installé. L’adresse accueille ensuite expositions, manifestations et défilés, avant qu’en 2011 le Manoir de Paris, avec ses spectacles conçus pour vous effrayer, vienne hanter les lieux.
*En face, la rue Martel accueille deux lieux en perpétuel renouvellement que nous aimons : Broc Martel au n° 12 et La Galerie Martel au n° 17.

Auteur : Vincent Vidal

Voir les illustrations panoramiques de Jaï Berriri

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