Le jeu, c’est branché ?

© Maïté Marque

Les bars à jeux se développent partout et deviennent la nouvelle activité conviviale du moment. Simple phénomène de mode ? Changement réel de regard sur les jeux de société ? Allons voir.

Le moment est venu, semble-t-il, de dépoussiérer notre image des jeux de société. Oubliez les Uno, Puissance 4, Monopoly et autres jeux de votre enfance. On peut désormais passer un après-midi ou une soirée entre amis à commander pintes et autres planches tout en testant des jeux de plateau ou de cartes, et cela sans paraître « geek » pour autant. Le concept est simple : on vient, on choisit un jeu – les personnes du bar se feront un plaisir de vous conseiller et de vous expliquer les règles –, on consomme ce que l’on souhaite et on joue. Que l’on vienne à deux ou à huit, pour une heure ou bien plus, les bars à jeux sont toujours un bon plan loisir.

Difficile d’imaginer la diversité des jeux et des thèmes : gestion, stratégie, bluff, logique ou bien inventivité, il y en a pour tous les goûts, et nul besoin de s’y connaître pour les apprécier. À chaque bar son style et son ambiance. L’unique bar à jeux du 10e (pour l’instant), le café Meisia, à l’angle des rues Bouchardon et René Boulanger, propose non seulement des jeux à foison mais aussi des plats de qualité et de délicieux milkshakes. Il marche si bien qu’il a ouvert une nouvelle salle juste en face, plus orientée « jeu » que « bar-restaurant ». Les tarifs sont en moyenne légèrement plus élevés que dans les autres bars parisiens, surtout l’on reste longtemps (on consomme ou on paye à l’heure de jeu). Comptez en moyenne de 5 à 6 € par heure – moins qu’un cinéma, finalement.

Il existe une multitude d’autres bars à jeux dans Paris. J’en mentionnerai trois : La Revanche, près de la gare de Lyon, lumineux et spacieux, Le Dernier Bar, à Châtelet, où l’ambiance fantasy et science-fiction est très marquée, et enfin Le Loufoque, vers Saint-Michel, un excellent compromis entre atmosphère chaleureuse et confort de jeu.

Mais que penser de tout cela, au fond ? Car si ces bars plus ou moins récents doivent disparaître aussi vite que se sont évaporées les boutiques de vapotage, on n’en voit guère l’intérêt. En fait, cela ressemble plus à une tendance lourde : le monde du jeu de société se développe et s’ouvre très vite, tout comme l’a fait le jeu vidéo il y a vingt ans, avec un foisonnement de nouveaux jeux originaux, une multiplication des petits éditeurs, et un public toujours plus large bien au-delà des cercles de passionnés. Ces bars contribuent en cela à la démocratisation du jeu : plus besoin d’acheter des boîtes, d’organiser des soirées jeux chez soi et de se coltiner les règles écrites, allons simplement au bar ! Et c’est l’image du jeu tout entière qui en est transformée : jouer n’est plus une activité d’enfants ou d’adultes immatures, c’est une activité sociale, interactive et qui fait travailler son intelligence de multiples façons. Au point d’en devenir socialement acceptable, voire même branchée ! On ne peut que s’en réjouir.

Auteur : Antoine Lagarde

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