Femmes du 10ème : Aude de Kerangué, Architecte et Présidente des P’tits Archis

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Vingt femmes ont été choisies pour représenter les différentes facettes de notre arrondissement par le biais de leur engagement et de leurs actions au quotidien. Focus sur Aude de Kerangué, architecte spécialiste de la médiation auprès du jeune public, Présidente des P’tits Archis, ateliers pour enfants, Conseillère élue à l’Ordre des Architectes en Île-de-France.

L’architecture s’est imposée comme une évidence, un moyen de rassurer mes parents tout en alliant sérieux et art. De fait, je suis entrée à l’école d’archi Paris – Malaquais où j’ai passé mon diplôme sur le thème de la densité au cœur d’un îlot parisien et découvert avec passion la dimension anthropologique et sociologique des sujets.

J’ai tout de suite pu monter mon agence mais j’avais déjà deux enfants. Je n’étais nulle part, ni tout à fait aux charrettes, ni tout à fait avec eux. Du coup, j’ai arrêté l’agence jusqu’à ce que ma fille aînée entre à l’école. C’est d’ailleurs là que j’ai compris ce qui me motive encore aujourd’hui : emmener les enfants à la rencontre de lieux pour qu’ils en tirent le maximum de choses. Seule, dans mon salon, j’ai inventé des visites clé en mains. À cette époque, j’ai découvert l’opération “Les Architectes et les Paysagistes dans les Classes” conduite par les CAUE (Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement), la Maison de l’Architecture en Île-de-France et l’Ordre Régional des Architectes. Ces derniers, enthousiasmés par mes projets, m’ont envoyée aux Récollets où j’ai effectué un stage d’une semaine et monté mon premier “Atelier des P’tits Archis”. Ça a été l’épreuve du feu !

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Depuis quelques années, avec ma petite équipe d’architectes surdiplômés mais peu motivés par la maîtrise d’œuvre, nous montons les ateliers du mercredi après-midi. Toute l’année ou à la carte. Les enfants repartent en ayant appris des mots de vocabulaire et fabriqué une maquette. Ils viennent de Paris et d’Île-de-France. Je choisis le thème, la pédagogie et le matériel. On n’utilise que du matériel de récupération. Les seules choses à acheter sont les feutres et la colle. Pour créer les maquettes, je fais appel à mes envies du moment. Ce qui me motive, par exemple, c’est de faire découvrir aux enfants le Paris historique. Pas pour les surcharger de connaissances mais pour les aider à reconnaître les traces du passé et à comprendre que la ville se transforme sans cesse. Les thèmes sont assez divers, ils dépendent aussi des bâtiments et des architectes choisis.

femmes-du-10eme-arrondissement-paris-portraits-journal-village-saint-martinJe suis par ailleurs élue à l’Ordre Régional des Architectes. J’aime beaucoup cet autre aspect de mon métier qui me rapproche de la pratique plus classique des architectes et me permet de replonger dans la maîtrise d’œuvre. Je suis ainsi impliquée dans les prestations de serment, les jurys d’habilitation à la maîtrise d’œuvre, les relations avec les écoles ou encore, ce qui fait frémir, la chambre disciplinaire.

J’aimerais développer plus d’ateliers à la Maison de l’Architecture, par exemple des ateliers parents-enfants, d’autres traduits en langue des signes et ainsi ouverts aux enfants sourds. J’aimerais aussi proposer un accompagnement à chaque fois que la ville travaille sur un gros projet. Enfin, avoir du temps pour continuer à éditer une revue d’architecture pour enfants dont seuls deux numéros sont parus aux “P’tits Archis” grâce au soutien de la Maison de l’Architecture.

Travailler avec le public dans le 10ème, quartier central s’il en est, permet de toucher toutes sortes de gens. Et puis c’est un quartier aux multiples visages. Les Récollets, par exemple, où je travaille, m’inspirent. On y aperçoit les traces de l’histoire du bâtiment qui fut d’abord un couvent puis un hôpital, plus tard un squat, enfin une école d’archi… Les Portes Saint-Martin et Saint-Denis aussi, en ce qu’elles sont l’héritage patrimonial de l’enceinte de Charles V qui enserrait un temps le nord de Paris. Au cours d’un projet, j’ai découvert le bunker sous la Gare de l’Est. Encore un endroit fascinant, resté dans son jus. On l’a quitté un jour après la fin de la guerre et personne n’y est retourné…

 

Retrouvez d’autres portraits ici : Les Femmes du 10ème

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